domingo, 14 de junho de 2009

Brahim Ghali au forum de la Chaîne II : «Le peuple sahraoui à la limite de la ligne rouge dans son conflit avec le Maroc»




L'ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à Alger, M. Brahim Ghali a affirmé jeudi que le peuple sahraoui se trouve aujourd'hui "à la limite de la ligne rouge" dans son conflit avec l'occupant marocain. Invité du forum de la chaîne II de la Radio nationale, M. Ghali a indiqué que "la patience du peuple sahraoui a atteint ses limites et l'ONU doit saluer l'esprit de collaboration" du Front Polisario depuis 1988, ajoutant que "la patience du peuple sahraoui touche à sa fin". Après avoir affirmé que le peuple sahraoui est animé d'une volonté "sincère" d'aboutir à une solution juste et pacifique dans son conflit avec le Maroc, l'ambassadeur a souligné que cette volonté s'accompagne d'une autre, celle de "consentir plus de sacrifices" pour l'indépendance du Sahara Occidental.
Il a réaffirmé que le peuple sahraoui reste attaché au principe qui lui garantit l'autodétermination et l'édification de son Etat, car "toujours convaincu de la justesse de sa cause". L'Intifadha du peuple sahraoui qui a commencé depuis des années déjà, "se poursuit aujourd'hui", a tenu à préciser le diplomate avant d'ajouter qu'elle se traduit par "le refus catégorique de l'occupant par les citoyens sahraouis à travers les marches de protestation, les graffitis sur les murs, les manifestations et le boycott de toute action menée par l'occupant". "La barbarie de la réaction de l'occupation marocaine n'est pas différente de celle de l'occupation française en Algérie ou de l'occupation américaine au Vietnam ou de l'occupation israélienne en Palestine", a rappelé l'ambassadeur sahraoui, ajoutant que le royaume du Maroc "avait tenté et tentera de nouveau d'imposer la réalité colonialiste, à travers ses manœuvres de tergiversation".
M. Ghali a estimé que l'Onu se retrouve devant deux options, la première est d'exercer des pressions sur le Maroc pour avancer dans la mise en application des résolutions du Conseil de sécurité et permettre au peuple sahraoui d'exprimer librement son choix et de disposer de son destin et la seconde est de laisser la situation "s'empirer".
Rappelant que le peuple sahraoui "a fait assez de concessions à l'ONU et qu'il n'est plus disposé à en faire plus", le diplomate sahraoui a souligné qu' "il est impossible pour l'Onu de faire une demande en dehors de ses chartes, ses principes ou sa décision 14-15 définissant l'autodétermination". Il a indiqué que le Maroc veut organiser un référendum au peuple sahraoui autour d'une seule question sur sa position sur l'autonomie, ce qui est, selon lui, "contradictoire avec la nature du conflit". "Ce qui est plus représentatif des décisions de l'ONU est que le peuple sahraoui puisse s'exprimer sur trois options à savoir: l'indépendance, l'annexion au Maroc et l'autonomie", a-t-il dit. "La nature de l'occupation marocaine n'a pas changé en tant que système colonial en quête de légitimité", a-t-il estimé, ajoutant que le Maroc "ne peut par principe, imposer son point de vue à la communauté internationale".
Les prochains rounds de négociations "sont décisifs et devront déterminer le sort final du conflit qui évoluera vers le règlement ou prendra la voie contraire qui est celle de l'escalade", a-t-il affirmé. "Je ne profère pas de menace mais j'utilise des termes pesés dont je saisis le sens", a-t-il ajouté.

Concernant les élections marocaines dans les territoires occupés du Sahara Occidental, M. Ghali les a qualifiées de "provocation grave, de menace à la sécurité et à la stabilité de la région et de défi flagrant des chartes onusiennes et de la volonté de coopération de la partie sahraouie". Il a estimé que l'association des territoires occupés du Sahara occidental aux élections marocaines "est une tentative par laquelle le Maroc vise à pousser la situation vers l'escalade", ajoutant que "le silence de l'Onu" face à cela "est comme couvrir un acte criminel".

«L'Onu doit imposer au Maroc une pression tangible »

Après avoir rappelé que le Sahara Occidental était soumis à une autorité internationale, l'ambassadeur sahraoui a estimé que les Nations Unies devaient "imposer au Maroc la présence de leur Administration dans la région en exerçant une pression tangible". L'absence d'une réaction de la part des Nations unies constitue "une complicité implicite" inacceptable "par la logique internationale", a précisé M. Ghali qui a appelé les citoyens sahraouis à boycotter les élections dénonçant les menaces et les tentatives des autorités marocaines "visant à faire sortir les citoyens de leurs domiciles pour les obliger à inscrire leurs noms".
Le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), M. Mohamed Abdelaziz, avait appelé lundi dernier le secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-Moon, à "intervenir en urgence" pour empêcher l'extension des élections locales marocaines aux territoires sahraouis occupés par le Maroc. Par ailleurs, M. Ghali a évoqué la situation des 47 détenus politiques sahraouis dans les prisons marocaines précisant que 10 d'entre eux observaient depuis 60 jours une grève de la faim et que "3 d'entre eux se trouvaient dans un état grave". L'insouciance des autorités marocaines quant à la grève de la faim des détenus sahraouis constitue "une insouciance quant à des vies humaines", selon M. Ghali qui a appelé les organisations internationales des droits de l'Homme à "intervenir rapidement et à dénoncer cette situation". Après avoir souligné que les "graves violations des droits de l'Homme et des libertés fondamentales au Sahara Occidental menacent la paix et la sécurité à travers le monde", l'ambassadeur sahraoui a rappelé la tenue les 20 et 21 juin à Alger d'une réunion consacrée à l'examen de la situation des droits de l'Homme au Sahara Occidental.

Dans ce contexte, il a appelé à introduire au titre du mandat de la Minurso (mission chargée de l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental) la mission de contrôle des droits humains déplorant "l'absence de contrôle des dépassements commis par le Maroc". Par ailleurs, M. Ghali a indiqué que la question du Sahara Occidental "est désormais présente au sein de la communauté internationale grâce à une recommandation du Conseil de sécurité" ajoutant que "la France avait menacé d'utiliser son droit de Veto contre la prise en compte de la dimension humanitaire du conflit au Sahara Occidental". Il a estimé, toutefois, que le fait que le Conseil de sécurité ait évoqué la situation des droits de l'Homme au Sahara Occidental constituait "un bon début pour "une prise en charge sérieuse de ce volet".
La promulgation d'une recommandation de la part du Conseil de sécurité sur la question "est le résultat d'un long débat sur les droits de l'Homme et la nécessité d'introduire une nouvelle dynamique en vue de trouver une issue a contraint l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies à mener une autre tournée dans la région après celle menée en avril dernier", précise encore M. Ghali. L'ambassadeur sahraoui a, enfin, souligné l'impératif pour l'envoyé personnel d'accomplir une nouvelle tournée incluant les deux parties au conflit et d'écouter la position de l'Union africaine (UA) car le Sahara occidental en est membre précisant que la prochaine tournée pourrait avoir lieu cet été.

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