quarta-feira, 20 de maio de 2009

Les manipulations marocaines


Depuis que le Front Polisario a forcé le colonialisme espagnol à plier bagage, le roi Hassan II s'est dit : "Ca y est, avec le Sahara, j'aurai assez d'argent pour faire taire toutes les bouches et édifier un Maroc qui sera la première puissance au Maghreb".

Mais subitement, tout le palais s'écroule sur sa tête lorsque l'armée marocaine avance devant la foule de la Marche Verte et arrive à Hausa et Mahbes. Pour les soldats des premières unités rapides qui voyaient dans la conquête du Sahara le "miracle du siècle" après l'apparition du roi Mohamed V sur la lune, la réalité tourne au cauchemar. Les premières balles des combattants du Front Polisario, encore armés avec de vieux fusils semi-automatiques, sèment la débandade dans les files des unités royalistes. Les batailles de Hausa, Mahbes, Farsia, Ejdeiria, Amgala resteront à jamais des témoignages incrustés dans la mémoire des sahraouis.

Les défaites militaires sur le terrain vont obliger Hassan II à se déplacer personnellement à Nairobi pour annoncer son acceptation du principe du référendum d'autodétermination. Il faut noter que la présence physique du roi était en soi un événement rarissime, mais la situation était devenue trop grave pour le Maroc. Il fallait chercher le moyen d'apaiser la situation sur-le-champ de bataille en explorant d'autres voix. Ce déplacement inaugura alors une période de tergiversation et de fausses engagements avec l'OUA dans le but d'empêcher l'admission de la RASD au sein de l'organisation panafricaine. Le déplacement du roi aura été en vain. La RASD devient, en 1984, membre à part entière de l'OUA. Vingt-cinq ans après, le siège marocain auprès de l'organisation panafricaine est toujours vacant. Une période assez longue pour que les toiles d'araignées s'installent confortablement et sans être dérangées pour de bon.

Notre pays a été divisé et notre peuple partagé comme un troupeau de chameaux. Un précèdent dans l'histoire de l'humanité. Un mépris et une sous-estimation jamais vus. Mais ce peuple de nomades avait décidé tous azimuts de lutter contre les armées marocaine et mauritanienne, et plus tard même française : trois armées en même temps. Une guerre s'était déclenchée dans toute la région englobant le sud marocain, le Sahara Occidental et toute la Mauritanie : le plus vaste théâtre d'opérations militaires depuis la seconde guerre mondiale !

Nous avions mené cette guerre avec un génie, un dévouement et un courage exceptionnels. Nous avions vaincu la Mauritanie militairement et obligé le Maroc à opter pour la tactique de construction des murs de défense. Le mur final a une longueur de 2400 km, de l'extrême sud-est du Maroc jusqu'à la frontière entre le Sahara Occidental et la Mauritanie à la hauteur de Nouadhibou. A la veille du cessez-le-feu plus de 140'000 soldats marocains étaient sur le mur de défense.

L'évolution militaire du conflit, qui a été continuellement positive et en faveur de l'armée sahraouie, a toujours créé un espoir de retour très rapide au pays natal, ayant en mémoire que toutes les familles avaient laissé de proches parents de l'autre côté du mur qui n'englobait qu'une petite partie du Sahara Occidental.

La deuxième moitié des années quatre-vingt a été plus décevante pour la majorité des Sahraouis, en premier lieu parce que l'armée marocaine a pu étendre son occupation militaire pour englober 80 pour cent du territoire. Le Maroc avait pu en effet construire les murs les uns après les autres, c'était un signe extérieur d'une défaite militaire sans ambiguïté. Mais les Sahraouis qui connaissaient bien l'armée marocaine ont détruit progressivement l'efficacité militaire des murs grâce à une guerre d'usure qu'ils avaient improvisée et bien menée. Le Maroc a perdu la guerre à partir du moment où ses armées se sont retranchées derrière des murs de sable. Il a perdu l'initiative sur le terrain. Ainsi ce mur qui était conçu comme une tactique militaire a perdu sa valeur militaire, mais conservait sa valeur psychologique : l'occupation du territoire par la force.

C'est ainsi qu'il aura fallu attendre jusqu'à 1991 après le sommet de Nairobi pour voir les NU commencer les préparatifs pratiques pour l'organisation de ce référendum. Après le cessez-le-feu et la création de la MINURSO, on va assister à toute une série d'initiatives de la part du Maroc qui visaient au sabotage des efforts de l'organisation et imposer un vote dont le résultat était déjà anticipé par les responsables marocains. Ils voulaient un "référendum confirmatif". Une première dans le langage juridique international.

Le Maroc a étudié toute l'opération d'identification et a constaté d'une part que la majorité de ces 86'000 personnes provient du territoire et qu'elle votera pour l'indépendance et que d'autre part la Commission d'identification a rejeté plus de 130'000 personnes qu'il a présentées. Un autre échec intérieur cette fois-ci devant son propre peuple. Il opta alors pour l'abandon pur et simple du plan de règlement des Nations Unies pour le référendum au Sahara Occidental.

Depuis lors le Maroc a refusé d'accepter tout plan des Nations Unies pour résoudre le problème qui ne soit pas en sa faveur. Il ne veut pas prendre de risques comme le Front Polisario. En un mot le Maroc refuse de jouer le jeu démocratique du référendum : gagner ou perdre un plébiscite populaire. Le Maroc veut un référendum qui confirme sa souveraineté sur le territoire alors que les différentes résolutions de l'Assemblé générale des Nations Unies et du Conseil de Sécurité parlent du droit á l'autodétermination, donc du droit des populations de choisir entre l'intégration au Maroc ou l'indépendance. Le Maroc n'a pas pu enlever cette option des différents plans et résolutions des Nations Unies. Un autre échec plus coûteux à long terme que les premiers, mais dont la continuité arrange les intérêts des principaux acteurs au Maroc.

Cette unanimité et ce consensus national sont artificiels et sont le résultat d'une complicité entre le régime, les élites et l'armée. Ils tirent tous des profits politiques et financiers énormes de cette surenchère nationaliste. Aucun d'eux n'est prêt à faire le premier pas vers la solution, craignant que les autres vont l'accuser de trahison. Pour ces considérations, nous, Sahraouis, pardonnons au peuple marocain et comprenons sa situation. Le jour où ce peuple jouira d'une vraie monarchie constitutionnelle, son unanimité et consensus iront vers la reconnaissance du peuple sahraoui et la rectification des erreurs du passé comme il a fait récemment avec les années de plomb qui ont caractérisé le règne d'Hassan II.

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