quarta-feira, 21 de janeiro de 2009

"Malgré tout Dakhla existe...", ou les chroniques d’un campement sahraoui (Fiche de lecture)


Paris, "Malgré tout Dakhla existe…" est le titre de l’ouvrage que vient de publier dernièrement Elisabeth Peltier aux éditions L’Harmattan.

L’ouvrage de 230 pages est une chronique du campement des réfugiés sahraouis de Dakhla, narrée par cette femme, éducatrice de formation, qui s’est retrouvée engagée sur le terrain sahraoui, en prenant en charge un programme initié par l’ONG française "Enfants réfugiés du monde", visant la mise en place d’une réflexion pédagogique avec des enseignants de ce camp.

De décembre 2000 à juin 2008, Elisabeth Peltier n’a pas cessé de faire des va-et-vient entre la France et les camps de réfugiés sahraouis, allant à la rencontre de ce peuple debout aspirant à un avenir prospère, malgré les conditions de vie difficiles.

Fin 2000, l’auteur débarque à Dakhla, "un lieu que je n’ai pu repérer sur aucune carte géographique, en plein désert du Sahara, j’ignore tout", écrit-elle dès les premières lignes de l’ouvrage. Elle découvre une réalité et un peuple. Ses premières impressions dépassent l’inattendu:

"Je pensais rencontrer la misère, je rencontre le dénuement et dans le même temps, cette vie, ces vies porteuses de projets dans ce désert d’un autre monde". L’auteur expliquera l’importance de cette rencontre qui sera déterminante dans son choix de vie en épousant la cause sahraouie et en devenant la porte-parole de ce peuple qui lui a donné une véritable leçon d’humanité, d’humilité et de volonté indéfectible à croire en l’indépendance de son pays et au retour à sa terre, un jour libérée de l’occupation marocaine.

"Quand j’ai rencontré les sahraouis, j’ai retrouvé chez ces hommes et ces femmes le même rire malgré la souffrance de l’exil sur cette terre inhospitalière, la même volonté à rester debout malgré la paralysie du monde à leur égard. La même vision au-delà des apparences sur la capacité de l’être humain à dépasser l’intolérable", écrit-elle.

Le lecteur suivra les pérégrinations de cette femme à travers la Hamada, ses contacts, ses rencontres avec des personnes formidables qui accomplissent humblement et simplement leurs tâches quotidiennes, contribuant à la mise en place d’un système d’organisation moderne du futur Etat tant espéré. Chaque jour est un combat constamment renouvelé contre la dureté d’un environnement inespéré, les vicissitudes d’un quotidien fait de privations et de manques difficile à vivre.

Malgré tous ces aléas, l’optimisme, l’assurance et l’espoir en de lendemains meilleurs sont là. Tous ces sentiments sont bien mis en exergue par Elisabeth Peltier qui brosse une galerie de portraits de femmes et d’hommes, anonymes ou responsables, qui parle de leur travail, de leurs rêves et de leurs aspirations.

Les multiples séjours de l’auteur ont inexorablement forgé en elle une vision autre que celle dominant l’opinion française et internationale.

"A celui qui s’étonne de ne pas vous voir misérables tels que les médias nous abreuvent de ces clichés sordides des camps de réfugiés à travers le monde, à celui qui pense que chacun doit rester à sa place, qu’un réfugié doit donner une image de réfugié pauvre et pitoyable frappant notre bonne conscience, je réponds que 33 ans sont passés et que nous sommes face à un peuple déterminé, avide de vivre comme nous, de faire partie de notre monde. Ce long temps d’attente n’a pas fragilisé ce peuple mais l’a consolidé".


Elisabeth Peltier est toute reconnaissante envers ce peuple qui lui a permis de "grandir encore davantage" et de "croire en la capacité de l’homme de se tenir droit malgré les bourrasques de la vie".

Le sociologue Ali Omar Yara écrit dans la préface de l’ouvrage : "les récits objets de cet ouvrage témoignent d’une autre réalité, dans laquelle les sahraouis révèlent leur aptitude à gérer par eux-mêmes leur situation précaire.

Ainsi, les journaux de missions inédits d’Elisabeth Peltier, sont loin d’être de simples rapports techniques. Ils témoignent d’une volonté émergente dans les camps sahraouis de se prendre en charge et des acquis de cette démarche".

"L’auteur assimile son champ d’observation et de témoignage, les camps de réfugiés de la Hamada, à un laboratoire social unique au monde. Celui-ci est un lieu d’une lutte au quotidien des sahraouis qui ne veulent pas accepter l’inacceptable, c'est-à-dire la soumission à un ordre politique occupant illégalement leur territoire", ajoute-t-il. (SPS)

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