domingo, 17 de maio de 2009
SAHARA OCCIDENTAL-USA
Position ambivalente US sur le Sahara occidental
Le Pr Yahia Zoubir décortique la politique maghrébine des USA
La position ambivalente US sur le Sahara occidental
L'évolution du dossier sahraoui dépendra de la relation du tandem franco-américain. Alors qu'il est, selon le professeur Yahia Zoubir qui animait une conférence au centre des études stratégiques d'Ech-Chaab, en ce moment, dans une situation de blocage absolu.
Autre indice du statu quo, la prudence de Ross, l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental. Mais pour comprendre la complexité de ce dossier qui continue de miner le Maghreb, le professeur des relations internationales de l'université Euromed de Marseille remonte loin dans l'histoire, à l'époque de la jeune République américaine, dont les contacts avec le Maghreb datent du XVIIIe siècle. Les USA avaient signé le premier traité avec le Maroc en 1787, lequel traité est utilisé par le Maroc comme un "atout", même si la région n'a jamais été, selon le professeur, aussi stratégique que le Golfe ou le Levant. Ses relations avec le Maghreb ont souvent obéi à des intérêts bien déterminés suivant des périodes. M. Yahia Zoubir situe les plus importantes pendant la Seconde Guerre mondiale, la période des décolonisations des années 1950 – 1960, les années 1970 avec l'apparition de la question sahraouie où les États-Unis avaient joué un rôle fondamental, les années 1990 avec la crise algérienne et le 11 septembre, pour des questions sécuritaires.
L'évolution des relations entre l'Algérie et les États-Unis est "victime" de la vision, de la perception qu'avaient ces derniers de l'Algérie qui avait, dans cette optique, contrairement à la Tunisie et au Maroc qui avaient fait le choix de l'Occident, opté pour le bloc soviétique, l'URSS particulièrement. Et pour l'anecdote, le professeur rappellera la double position de Kennedy vis-à-vis de l'Algérie, passant d'un soutien franc en tant que sénateur, avant de se rétracter une fois devenu président. Parce que considérant l'Algérie franchement alliée de l'ex-URSS. Cette perception est restée ancrée chez les Américains, a-t-il estimé. Si cette relation n'a pas connu de constance, obéissant souvent à des intérêts américains ne négligeant pas en même temps le soutien au Maroc, au plan économique les États-Unis étaient intéressés par bloc intégré, d'où l'offensive pour l'intégration économique de l'UMA et l'initiative Eisenstadt, initiative remise sur la table. Ce n'est pas étonnant qu'Eisenstadt figure parmi les relais de la demande marocaine de réouverture de la frontière. Le professeur relève le même paradoxe dans la politique "algérienne" des États-Unis durant les années 1990. Prônant ouvertement le soutien à la démocratisation, les USA n'ont pourtant pas soutenu la transition en Algérie et n'ont opéré de revirement que tardivement pendant la crise, non pas par positionnement anti-islamiste, mais par soutien au Maroc pour lui éviter la contagion. Il existe, a noté le professeur Yahia Zoubir, deux catégories d'intérêts US au Maghreb, les intérêts économiques avec les hydrocarbures et l'énergie comme aspect dominant et les intérêts militaires avec la nouvelle gestion sécuritaire de l'islamisme depuis les attentats du 11 septembre. Les USA favorisent alors la démocratisation non pas par conviction, a-t-il souligné, mais par intérêt. L'intégration des islamistes modérés, c'est-à-dire qui ne s'opposent pas aux intérêts américains et au processus israélo-palestinien, est devenue une donne dans la politique US. "Les États-Unis n'ont pas d'amis, ils ont des intérêts", a-t-il affirmé. Depuis la victoire du Hamas, les États-Unis ont revu cette politique de soutien à la démocratisation en soutenant des États semi-autoritaires. Parallèlement, ils s'attachent à créer et renforcer les cordons sécuritaires en Irak, au Sahel pour la mainmise sur les sources des hydrocarbures et freiner l'offensive chinoise. Concernant le Maroc, les États-Unis, s'appuyant sur le postulat du choix du royaume de l'option Occident, ont en fait un "exécutant", lui donnant un rôle de substitut. En contrepartie, le Maroc voit son aide américaine se multiplier par 20. Le Maroc a reçu un cinquième de l'aide américaine à l'Afrique. Son aide militaire est passée de 4,1 millions de $ en 1974 à 99,8 millions $ en 78. En 2002, le royaume bénéficie de 72% de l'aide totale américaine pour le Maghreb et de 80% en 2005. Le royaume jouait, avant, le rôle de rempart au communisme, et maintenant il joue le même rôle contre l'islamisme. Comme il bénéficie du soutien au Congrès et des lobbies qui le présentent comme un modèle de démocratie dans le monde arabe. Le dernier lobby a été récemment créé ; on y trouve, entre autres, Madeleine Al Bright, ancienne secrétaire d'État, et David Welsh qui avoua, selon le conférencier, avoir participé à la rédaction du plan de l'initiative marocaine de l'autonomie élargie, que M. Yahia Zoubir considère comme "une coquille vide". Autre révélation tirée de documents déclassifiés, le soutien US à l'invasion marocaine en 1975. Quant au refus marocain du référendum qui lui serait favorable, il estime que le royaume craint un vote des colons en faveur d'une république et contre la monarchie. Autant d'éléments qui expliquent la position américaine sur la question sahraouie. Reste maintenant à voir la réaction de la nouvelle administration pour régler le problème.
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