sábado, 27 de junho de 2009

Quarante ans après, Alger recouvre son statut de capitale de la culture africaine


Quarante ans après, Alger abritera la deuxième édition du Festival culturel panafricain, du 5 au 20 juillet prochain, dans un nouveau contexte historique et politique marqué par les efforts entrepris pour le développement et la volonté de prendre en charge les crises internes dans le continent. Ainsi, Alger recouvre ainsi son statut de capitale de la culture africaine. En 1969, elle avait accueilli la première édition du Panaf dans des conditions à l'époque caractérisées par la lutte des mouvements de libération nationale aspirant à l'indépendance et l'affranchissement du joug du colonialisme. Quatre décennies après, l'Algérie organise un deuxième festival dans un cadre où priment de nouvelles priorités et de nouveaux défis pour l'Afrique qui doit mettre en valeur ses nouvelles réalités culturelles, portées vers la renaissance et le développement. L'Algérie a été chargée par l'Union africaine (UA) d'organiser ce festival, lors du sommet d'Addis-Abeba en Ethiopie, en février 2008, une entreprise qu'elle compte réussir avec la même ferveur ayant marqué la première édition.
Le premier festival s'était tenu dans "le contexte du mouvement d'émancipation" et avait mis l'accent sur "les réalités de la culture africaine et son rôle dans la libération nationale, la consolidation de l'unité africaine et le développement économique et social de l'Afrique", a fait remarqué le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel, le 27 mai dernier, à l'occasion de la journée de l'Afrique. Le festival de 1969 avait eu lieu avec la participation de plusieurs pays qui subissaient encore l'ignominie du colonialisme, à l'instar des mouvements de libération d'Angola, de Namibie, de Guinée Bissau et du mouvement anti-apartheid en Afrique du Sud, qui avaient trouvé à Alger une tribune pour revendiquer leurs droits à l'autodétermination. L'Algérie fraîchement émancipée de 132 ans de domination coloniale, à la faveur d'une guerre de Libération nationale héroïque, était un exemple pour tout le continent.
Le manifeste culturel panafricain, adopté à Alger en 1969, soulignait clairement que "pour les pays africains qui se sont libérés ou pour ceux qui sont en conflit armé avec les puissances coloniales, la culture a été et demeure une arme de combat", ajoutant que "dans tous les cas, les luttes armées de libération ont été et sont, par excellence, des actes culturels". Déjà, à cette époque, le manifeste considérait la culture comme un "moyen dynamique d'édification de la nation, au-dessus des visions tribales ou ethniques" et "de l'unité africaine, au-dessus de tout chauvinisme". Le contexte ayant changé, l'Afrique libérée — en dehors du Sahara occidental qui demeure le dernier territoire à décoloniser dans le continent — les priorités résident aujourd'hui dans le développement et le dépassement des conflits internes. Pour M. Messahel, le deuxième festival se veut "une contribution à la renaissance et au renouveau", mais aussi l'expression de la "volonté de l'Afrique de concilier son action avec les exigences de l'histoire", qui se traduit "à travers les efforts consentis pour promouvoir la culture et donner une forte impulsion à la renaissance culturelle".
49 pays membres de l'UA vont prendre part à la deuxième édition du festival, durant lequel 5.000 artistes et hommes de culture vont animer les espaces culturels d'Alger et d'autres villes du pays, afin de montrer le nouveau visage d'un continent "en devenir".
"Cette culture, longtemps condamnée par le colonialisme à l'exotisme et vouée à la solitude des musées, se veut aujourd'hui l'expression vivante du monde. Ce monde dans lequel nous voulons prendre place. L'avenir que nous avons mission d'édifier est dominé par les problèmes du développement et du progrès", une sentence et une feuille de route du manifeste culturel panafricain de 1969, qui demeure d'actualité pour le "renouveau" africain à Alger, du 5 au 20 juillet.

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