domingo, 11 de janeiro de 2009
King involved in Dakhla tomato industry
According to the Moroccan newspaper TelQuel, the King of Morocco has ownership in the tomato industry in occupied Western Sahara.
The information appears in a map, that accompanied the article below, published by TelQuel in December 2008.
Les jardins du roi
12 000 hectares d’exploitations agricoles, des centaines de produits (fromages, saumon, fruits et légumes, khliî…), 130 milliards de chiffre d’affaires annuel… Les Domaines Royaux sont un royaume dans le royaume. TelQuel en perce le mystère.
Jeudi 27 novembre, la sixième édition du Salon international des fruits et légumes (Sifel Maroc) est lancée à Agadir. Le gotha des entreprises d’agroalimentaire y exposent leurs derniers produits. Les exposants font de leur mieux et redoublent d’ingéniosité pour attirer un
maximum de visiteurs. Et pour cause, c’est ici que se scellent les transactions les plus importantes de l’année.
Bien entendu, un stand attire spécialement la foule. On ne peut pas passer devant sans s’y attarder un peu. Forcément. C’est juste LE stand, celui des Domaines agricoles, anciennement Domaines Royaux. Le nom ne laisse pas indifférent, le groupe non plus. Mastodonte pour ses admirateurs, pieuvre boulimique et tentaculaire pour ses détracteurs, les Domaines Royaux sont convoités, jalousés. Et craints. Parce que tous y voient, derrière, la main du Palais. Il faudrait être aveugle pour ne pas la voir, cette main…Avec un chiffre d’affaires estimé à 150 millions de dollars (1,3 milliard de dirhams) dont les deux-tiers à l’exportation, notamment des agrumes, un “parc” global de (plus de) 12 000 hectares, 2000 salariés dont 200 cadres, les Domaines sont le champion national en matière d’agriculture et d’agroalimentaire.
C’est bien à un mégagroupe agricole riche et diversifié que l’on a affaire. Et il y a, quelque part, de quoi en être fier. Les “Domaines”, comme on les appelle communément, rayonnent au-delà des frontières et hissent haut les couleurs du royaume. C’est tout ? Non, il y a de quoi s’inquiéter aussi. Car la question tourne, rôde, comme une obsession : et si la taille écrasante des Domaines constituait un obstacle à la libre concurrence, un frein au développement sain et équilibré du tissu agricole ?
Interrogation juste et objective. Les Domaines ont longtemps constitué un frein au développement avant que le holding royal, à la faveur du changement de règne, n’opère une volte-face dans sa politique de gestion. Heureusement.
Bienvenue à la “boutique” des Domaines
Route de Dar Bouazza, dans la banlieue sud de Casablanca, un portail de fer s’ouvre pour laisser le passage à quelques voitures. A l’intérieur s’étend une grande cour où des caddies sont dispersés ici et là autour d’une petite bâtisse : bienvenue, mesdames et messieurs, dans le premier magasin des Domaines. On y trouve un peu de tout. Des étalages de fruits et légumes, des produits protégés biologiquement (ça existe !), de la truite du Moyen-Atlas, du khliî de Fès, du veau de lait, du miel, de l’huile d’olive extra-vierge, etc. Bref, tout ce qui fait le bonheur des amoureux du terroir. “Je viens une fois par semaine pour y faire mes courses”, nous explique une cinquantenaire BCBG, cliente régulière croisée ce jour-là dans la “boutique” des Domaines. Curiosité : même si le magasin existe depuis des années, seuls quelques initiés le connaissent. Parce que l’explication est simple : les Domaines agricoles ne communiquent (presque) pas.
Filiale du holding royal Siger, les Domaines sont en effet un des groupes royaux les moins connus. Entourée d’un halo de mystère, l’entreprise fait rarement parler d’elle. On sait qu’elle existe, on connaît globalement son rayon d’activité, c’est à peu près tout. Impossible d’aller plus loin. “Les chiffres, surtout, restent un sujet généralement tabou, les Domaines adorent entretenir le mystère autour de leurs affaires”, explique un ancien cadre de l’entreprise, un des rares à ne pas observer la règle d’une omerta diffuse, non déclarée.
Dans son temps, le “patron” des Domaines, Hassan II, a abordé le sujet en tout et pour tout une fois, à l’occasion d’une interview accordée au quotidien français Le Figaro. C’était en 1996. A la question “Etes-vous un grand propriétaire terrien ?”, le roi répond, pince-sans-rire, avec son flegme habituel : “Oui (je suis un grand propriétaire), mais j’en ai le droit. Tout est enregistré au cadastre, j’ai hérité le tout de mon père, j’ai acheté des propriétés, je distribue des salaires, je participe à l’exportation de nos produits agricoles, j’ai des fermes expérimentales dans lesquelles je dépense moi-même mon propre argent”. Tout est dit.
Direct aux cuisines royales
Créés en 1960, Les Domaines constituent un des principaux producteurs - exportateurs de fruits et légumes au Maroc, et leurs principales activités sont fortement attachées à la notion de terroir. Orientés vers l’arboriculture, la céréaliculture, les activités d’élevage, les produits laitiers et la fourniture pour la parfumerie haut de gamme de plantes aromatiques et d’huiles essentielles, “Les Domaines” représentent la marque mère de plusieurs marques dérivées. Exemples des Chergui, Tiyya ou, plus surprenant, le Royal Golf de Marrakech qui représente à lui le pôle “loisirs” de l’entreprise.
Les Domaines disposent par ailleurs de plusieurs exploitations dont la plus célèbre, celle de Douiet dans la région de Fès, fournit le fameux Chergui. “C’est l'unique marque de produits laitiers qui a droit de cité dans les cuisines royales depuis des décennies”, confie un fin connaisseur des Domaines. Abritant un pavillon royal, Douiet s'étend sur plusieurs centaines d'hectares et compte en son sein un lac de cent hectares. Le domaine dit de la Résidence du lac, à Salé, fournit pour sa part, au palais royal, des fruits et végétaux.
Les domaines de Douiet et de Salé étaient d’ailleurs les deux fermes préférée de feu Hassan II. Il y passait beaucoup de temps, surtout dans les domaines de la région de Fès. “C’est ici, à Douiet, que le roi aimait se retirer, surtout dans les derniers mois de sa vie, pour lire le Coran”, nous confie un employé du domaine. On raconte même que le roi défunt s’est prêté à plusieurs reprises, et de bonne grâce, à des séances photo avec les employés du domaine. Ce que notre source confirme d’un sourire gêné, l’air de nous dire : “Vous n’avez pas le droit de tout savoir”…
Une agriculture high-tech
Alors que dans les années 1960, la gestion de l’entreprise est une chasse gardée des Français, un changement de tendance a bien été amorcé à la faveur de la deuxième grande vague de “marocanisation”. Les années 1970, donc. “L’arrivée des premières promotions d’ingénieurs et de techniciens agronomes, qui affluaient à l’époque, a beaucoup fait évoluer les choses”, nous confie notre source. Les Domaines, qui portaient à l’époque l’appellation pompeuse de Domaines Royaux, se distinguaient déjà, en comparaison avec la masse des Domaines “non royaux”, par un certain côté high-tech. “C’est dans les Domaines royaux qu’a été expérimentée, pour la première fois, la culture hors sol qu’ils sont d’ailleurs les seuls à pratiquer jusqu’à maintenant, même s’ils en font bénéficier malgré tout d’autres agriculteurs”, s’extasie un exploitant agricole. L’irrigation par pivot, la technique du goutte à goutte, la biotechnologie, les cultures sous serre : tous les moyens sont bons pour doper les Domaines et leur assurer une productivité performante, en tout cas parfaitement alignée sur les standards internationaux.
Cela dit, malgré toute l’attention qui leur a été portée par Hassan II, les Domaines ne connaîtront leur véritable heure de gloire que sous Mohammed VI, au style moins spectaculaire mais plus rationnel. “En fait, c’est de toute la différence (entre les deux rois) dans la gestion des affaires qu’il s’agit. Hassan II était plus occupé à asseoir son règne qu’à faire fructifier ses affaires”, nous résume ainsi cet observateur du parcours des deux rois.
Le gendre et le secrétaire (particulier)
Sous Hassan II, donc, la gestion des Domaines était plutôt une affaire personnelle, un peu familiale, avec ses surprises et ses couacs. Exemple : dans les années 1990, le roi a choisi de placer, à la tête de ses Domaines, son tout nouveau gendre, Khalid Benharbit, époux de la princesse Lalla Hasna… et cardiologue de son état. Un médecin transformé en agriculteur. Pas franchement une réussite. Le groupe connaît alors une période de flottement. Laisser-aller, mauvaise gestion, passe-droits, etc. “Il faut dire qu’à l’époque, l’ensemble des affaires du défunt roi périclitaient, pas seulement les Domaines. Même l’Omnium nord africain (ONA) battait de l’aile”, souligne un témoin de l’époque. Toujours est-il que Benharbit a assuré la gestion du groupe pendant près de 10 ans. Mars 2004, et sans ménagement, il est brutalement relevé de ses fonctions du jour au lendemain. “Il a subi le même sort que Fouad Filali, époux de Lalla Myriem, qui a été démis de ses fonctions à la tête de l’ONA quelque temps après sa séparation avec la princesse”, commente notre source, sans plus de détails. “Il faut dire que la tête de Benharbit était mise à prix depuis belle lurette. Mounir Majidi, qui a pris entre-temps les affaires royales en main, cherchait clairement à se débarrasser de lui”, nous explique un ancien cadre de l’entreprise.Benharbit a donc été logiquement remplacé par Bouâmar Bouâmar, l’ex-directeur général du domaine de Douiet coopté par Mounir Majidi. Il est réputé compétent et travailleur…
Depuis le départ de Khalid Benharbit, la gestion ainsi que l’organigramme des Domaines ont ainsi été chamboulés. C’est bien Mounir Majidi qui a repris les choses en main. “Toutes les décisions importantes du groupe sont prises ou doivent être validées par le secrétaire particulier du roi”, nous confirme une source des Domaines. Le président directeur général, Bouâmar Bouâmar s’occupe, lui, des affaires courantes du groupe. “Chaque exploitation est gérée par un directeur qui rend compte au PDG…qui rend compte à son tour à Majidi”, précise notre source.
Quand Mohammed VI s’y met
Le changement à la tête des Domaines traduit, finalement, une rupture dans l’attitude même de Mohammed VI. Si au début de son règne, le roi s’intéressait très peu à l’agriculture, il a fini par changer d’avis, épousant sans doute le point de vue de ses proches conseillers. “Mohammed VI a vite compris que le secteur agricole recèle d’énormes potentialités et qu’il faut investir encore plus non seulement au niveau des Domaines mais aussi sur le plan national”, souligne un cadre du ministère de l’Agriculture, qui a requis l’anonymat comme l’ensemble des sources consultées pour les besoins de notre enquête.
Comme pour bien marquer cette nouvelle tendance, le souverain a d’ailleurs prononcé, le 30 juillet 2004, un discours qui fera date pour le microcosme agricole. “Conscient que le monde rural souffre le plus du déficit social, nous estimons que la mise à niveau globale de notre économie passe nécessairement par une stratégie efficace de son développement rural, à même de permettre la transformation du secteur agricole traditionnel en une agriculture moderne et productive…”, peut-on lire dans la déclaration royale. Depuis, pour reprendre l’expression de l’une de nos sources, “les Domaines sont comme ressuscités”. Nouvelle image, nouvelle identité visuelle mais aussi nouvelle appellation. Exit le vieillot “Domaines Royaux” et place au plus sobre “Domaines agricoles”. “C’est aussi une façon de démystifier le groupe”, explique un cadre de l’entreprise. Un concept de boutiques bio est alors lancé dans la foulée. “Tout cela coïncide avec la volonté des dirigeants du holding royal Siger d’avoir des champions nationaux dans différents domaines. C’est ce qu’ils ont tenté dans la finance en absorbant Wafabank. Et ça a marché : Attijariwafa bank est actuellement la banque leader au Maroc. La même politique a été appliquée aux anciens Domaines Royaux”, nous résume un économiste de la place, spécialisé dans la gestion des affaires “agricoles”.
Le bâton makhzénien…
De prédateur “dévorant” littéralement ses concurrents tout au long du règne hassanien, le groupe des Domaines tente aujourd’hui une mue, se positionnant davantage en “partenaire”, en simple acteur (mais le premier, hein) du marché agricole. Sa réussite, dans l’absolu, réside, bien entendu, dans le volume et la qualité de ses chiffres à l’export.
Alors qu’ils ont longtemps été pratiquement à couteaux tirés avec le groupe Delassus, dirigé par Kacem Bennani Smirès, leur principal concurrent à l’export, les Domaines ont décidé de s’allier avec d’autres exportateurs en créant Maroc Fruit Board. Cette entité regroupe les huit principaux exportateurs marocains, dont le groupe Delassus lui-même ou encore Prim Atlas. Objectif : commercialiser à l’export 500 000 tonnes d’agrumes sur les marchés d’Europe, d’Asie et d’Amérique. Mais tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. Le groupement constitué autour des Domaines s’attire régulièrement, et logiquement, les foudres des autres opérateurs du marché. Monopoles, entente sur les prix, intimidation d’exportateurs moins importants… les accusations et les attaques sont monnaie courante. “Le message qu’on tente de renvoyer aux opérateurs est le suivant : on veut bien de la concurrence, mais gare à celui qui ose nous défier”, déplore un économiste, qui cite en exemple d’autres filiales de Siger (ONA, Centrale laitière, Lesieur Cristal, Cosumar, etc), gérées de la même manière… Peut-on alors placer les Domaines dans le même sac ? Oui, non, pas toujours. “Au moins, les Domaines s’impliquent beaucoup dans le secteur. Ils agissent de plus en plus en partenaires, dans la discrétion”, nuance par exemple cet exploitant agricole. Le groupe royal a en effet initié depuis quelques années des systèmes d’aide aux petits agriculteurs. “Ce sont les Domaines qui offrent les plans de culture aux petits exploitants. On n’en fait pourtant pas un plat”, ironise un cadre de l’entreprise, comme pour justifier la communication – en catimini – du groupe. “On ne le dit pas trop, mais la biotechnologie développée au sein du groupe a permis à tout le secteur de faire une avancée considérable”, renchérit pour sa part un autre agriculteur.
…et la carotte fiscale
Il reste que la carotte fiscale accordée à l’agriculture fait grincer des dents. Il y a de quoi. Septembre 2008, Mohammed VI a pris son monde de court en annonçant une prorogation de l’exonération fiscale pour le monde agricole jusqu’en 2013. Le premier bénéficiaire de la généreuse opération n’est, évidemment, autre que les Domaines. “C’est un scandale, cette exonération ne profite qu’aux grands exploitants”, tonne Najib Akesbi, économiste et professeur à l’Institut agronomique Hassan II. De là à déduire que cette prorogation “tombée du ciel” a été taillée sur mesure pour servir avant tout les intérêts des Domaines, il n’y qu’un pas que certains n’hésitent pas à franchir. “Ces exonérations, répétons-le, ne sont ni démocratiques, ni équitables. Elles ne profitent nullement aux petits agriculteurs, qui sont de toute façon catégorie non-imposable, avec ou sans exonération”, ajoute Akesbi, loin de décolérer. Une accusation que l’on balaye d’un revers de la main au ministère de l’Agriculture. Evidemment. La carotte fiscale est présentée sous son jour le plus reluisant : une incitation à l’investissement ! “De toute façon, les petits agriculteurs bénéficieront de plusieurs mesures comprises dans le plan Maroc Vert initié par Aziz Akhannouch”, nous explique-t-on dans l’entourage du ministre de l’Agriculture. En attendant la mise en place dudit Plan Vert (dont le montage financier, pour le moment incertain, nécessitera une ardoise de 50 milliards de dirhams), les petits agriculteurs continueront de suivre, de loin, le (très) grand train des Domaines de Sa Majesté.
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