quarta-feira, 10 de dezembro de 2008

Trois militantes sahraouies témoignent à Paris des exactions marocaines


Paris,Fatma Mahdi, Nadjat Khnibila et Khadidja Mouthik, trois femmes sahraouies, ont apporté à Paris des témoignages poignants sur la situation dans les territoires occupés et sur la répression que subissent leurs frères de la part du régime marocain.

Les trois femmes ont eu des itinéraires différents mais ont vécu les mêmes souffrances et aspirent à un même objectif, la mise en œuvre de leur droit à leur autodétermination et leur droit à un Etat indépendant.

Elles ont crié haut et fort leur aspiration à la liberté, à la libération de leurs territoires occupés et leur droit à s’exprimer sur le devenir de leur pays, dans le cadre d’un référendum prôné par l’ONU, "mais qui tarde à venir", ont-elles estimé mardi au cours d’une conférence de presse à Paris.

Mme Fatma Mahdi est aujourd’hui la secrétaire générale de l’Union des femmes sahraouie (UNFS). Cette native de la ville de Smara s’est trouvée contrainte de fuir Guelta Zemmour, où elle vivait avec sa famille, après l’invasion marocaine en décembre 1975 et le bombardement de cette localité sahraouie.

Elle n’avait que sept ans à l’époque. Elle se retrouve dans un camp de réfugiés où elle a appris à vivre, à combattre et à se former politiquement. "J’ai décidé de m’investir dans les activités politiques et sociales en intégrant l’Union des femmes sahraouies pour contribuer à la défense de notre cause", a-t-elle expliqué, rappelant qu’elle a été chargée de l’administration au sein de cette organisation, tout en poursuivant ses études.

Elle a obtenu son diplôme en coopération et relations internationales en Espagne. Elue au Poste de SG de l’Union des femmes sahraouies en 2003 puis en 2007, Fatma Mahdi se consacre pleinement au développement de la vie sociale et à la mise en place de l’organisation de la vie quotidienne dans les camps de réfugiés.

Mme Nadjat Khnibila, 53 ans, native d’El Aaiun, vivait en France depuis 1977 avec son époux. Le couple n’a jamais caché son militantisme pour la cause nationale. Elle participait régulièrement aux manifestations du 1er mai à Paris, et à la journée dédiée aux disparus sahraouis.

Durant l’été 1982, alors qu’ils se trouvaient en vacances familiales à Goulimim et à Tan Tan, Nadjat Khnibila et son époux sont enlevés par la police marocaine, au lendemain d’une manifestation en faveur de la cause sahraouie. Ils subiront les pires tortures à Agadir, avant d’être transférés au tristement célèbre bagne de Kalaât M’gouma, où ils vont croupir jusqu’en 1991. Nadjat a décrit les conditions difficiles d’internement, les maladies, le manque d’hygiène, l’isolement, les brimades et les tortures.

Le couple a été libéré en 1991, sous les pressions internationales, mais faute de papiers, il n’a pu rejoindre la France, où il vivait. Nadjat a repris depuis son combat pour se consacrer à la cause des siens. Elle est membre du Comité sahraoui pour le soutien à l’autodétermination au Sahara occidental.

Mme Khadidja Mouthik réside à Goulimim, au sud du Maroc. Elle est issue d’une
famille qui a subi les exactions des forces répressives chérifiennes. Son père,
enrôlé de force dans l’armée marocaine, meurt en 1973 dans des conditions suspectes.
Sa mère a été enlevée et portée disparue durant 7 mois en 1980. Ses trois frères
et son cousin ont été arrêtés pour avoir revendiqué l’indépendance de leur pays
avant d’être condamnés à plusieurs années de prison.

Mme Khadidja a également parlé de la situation actuelle, marquée "par le pillage des richesses de son pays, la division en deux du territoire national par de longs murs, la poursuite des exactions contre les populations sahraouies et l’interdiction aux organisations internationales de rendre visite aux populations vivant dans les territoires occupés".

Elle a également, témoigné du rôle de la femme sahraouie dans une lutte sur tous les fronts afin de préparer les conditions idoines du futur Etat sahraoui indépendant. "Les femmes représentent 11% des membres du gouvernement et 34% du parlement national", a-t-elle ajouté.

Mme Khadidja est une syndicaliste. Pour avoir défendu les droits de ses collègues et son militantisme pour la cause sahraouie n’a pas cessé de subir les exactions et les brimades de la part de l’administration marocaine. Arrestations, tortures, licenciements abusifs, blocages de salaires, jugements iniques se sont succédé au point où en 1999, l’administration a tenté de l’interner pour maladie mentale.

Elle a observé une grève de la faim durant 45 jours. Toutes ces exactions n’ont pas émoussé sa détermination à s’opposer aux forces d’occupation marocaines et à défendre la cause des siens.

.En novembre dernier, de retour de Mauritanie, elle est arrêtée au poste frontière marocain d’El Gargarat, au Sahara occidental. Elle a été transférée à la ville occupée de Dakhla pour subir deux interrogatoires avant d’être relâchée le lendemain, dépouillée de tous ses effets personnels. "Nous vivons l’enfer au Maroc", a-t-elle déclaré.

.Les trois femmes viennent d’être reçues à Bruxelles au Parlement européen par la Commission des droits de la femme et des groupes politiques. Durant leur séjour en France, elles ont également rencontré des associations féminines et de droits de l’homme, des partis politiques, des élus et des syndicats.

Elles ont apporté des témoignages vivant sur la situation prévalant au Sahara Occidental.
"Nous apportons un message de paix et d’espoir", ont-elles rappelé à maintes
reprises.

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